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[TRADUCTION FRANÇAISE OFFICIELLE]

2002-39(IT)I

ENTRE :

VITANDREA SCUCCIMARRI,

appelant,

et

SA MAJESTÉ LA REINE,

intimée.

Appels entendus le 8 novembre 2002 à Montréal (Québec) par

l'honorable juge en chef adjoint D. G. H. Bowman

Comparutions

Représentant de l'appelant :                 Romualdo Biancardi

Avocat de l'intimée :                            Me Alain Gareau

JUGEMENT

          La Cour ordonne que les appels interjetés à l'encontre des cotisations établies en vertu de la Loi de l'impôt sur le revenu pour les années d'imposition 1996 et 1997 soient admis et les cotisations déférées au ministre du Revenu national pour nouvel examen et nouvelle cotisation en tenant compte du fait que l'appelant a subi une perte au titre d'un placement d'entreprise de 69 017 $ en 1996, moins l'exemption antérieure pour gains en capital de 37 473 $, de sorte que la perte déductible au titre d'un placement d'entreprise de l'appelant en 1996 était de 23 658 $. S'il reste une perte relative à l'année 1996 pouvant être reportée prospectivement à l'année 1997, elle devrait s'appliquer à l'année 1997.

L'appelant a droit à ses dépens, s'il en est, conformément au tarif.

Signé à Ottawa, Canada, ce 20e jour de décembre 2002.

« D. G. H. Bowman »

J.C.A.

Traduction certifiée conforme

ce 13e jour d'août 2003.

Yves Bellefeuille, réviseur


[TRADUCTION FRANÇAISE OFFICIELLE]

Date : 20021220

Dossier : 2002-39(IT)I

ENTRE :

VITANDREA SCUCCIMARRI,

appelant,

et

SA MAJESTÉ LA REINE,

intimée.

MOTIFS DU JUGEMENT

Le juge en chef adjoint Bowman, C.C.I.

[1]      Les présents appels sont interjetés à l'encontre de cotisations établies à l'égard de l'appelant pour les années d'imposition 1996 et 1997. Le litige porte sur le calcul d'une perte au titre d'un placement d'entreprise ( « PTPE » ) et, par conséquent, d'une perte déductible au titre d'un placement d'entreprise( « PDTPE » ) subie par l'appelant en 1996. L'appelant avait initialement déclaré une PTPE de 108 045 $ en 1996, laquelle a été acceptée par le ministre dans la première cotisation, mais avait été réduite à 70 573 $ en raison de l'exemption pour gains en capital déclarés à l'égard d'années antérieures. Ainsi, la PDTPE était de 52 929 $ et une perte de 18 068 $ était reportée prospectivement de 1996 à 1997.

[2]      Le 1er mars 2001, le ministre a établi une nouvelle cotisation à l'égard de l'appelant pour l'année 1996 afin de réduire la PTPE à 21 000 $ et la PDTPE à néant. Une nouvelle cotisation a également été établie à l'égard de l'année d'imposition 1997 afin de réduire la perte reportée prospectivement à néant.

[3]      La nouvelle cotisation pour l'année d'imposition 1996 a été établie après l'expiration de la période normale de nouvelle cotisation au motif que l'appelant avait fait une présentation erronée des faits, par négligence ou inattention, en produisant sa déclaration. On ne prétend pas qu'il y a eu omission volontaire ou fraude, les deux autres motifs prévus au sous-alinéa 152(4)a)(i) de la Loi de l'impôt sur le revenu qui auraient donné droit au ministre de revenir sur une année frappée de prescription.

[4]      En 1989, l'appelant, sa fille Rosangela Scuccimarri et Roberto Marvento ont acheté de Natale Interdonato les actions de Good Bye Montreal Travel Agency Inc. (la « société » ). La participation de chacun est établie comme suit dans la convention : l'appelant à 60 %, sa fille à 20 % et Roberto Marvento à 20 %. Le prix payé était de 25 000 $.

[5]      La somme de 108 045 $ déclarée par l'appelant comme PTPE était composée des éléments suivants (annexe A de la pièce A-2). Les références indiquées dans la colonne du centre se rapportent aux annexes de la pièce A-2.

[traduction]

Vitandrea Scuccimarri

Placement dans Good-Bye Montreal

Sommaire des coûts

                                                                        Référence                  $

12 déc. 1989           Achat des actions                  E à E5               25 000

22 déc. 1989           Prêt                                      F5/1                    2 000

27 déc. 1989           Prêt                                      F5/2 et F5/6        3 000

01 déc. 1989           Dépôt pour la location

                             payé par Vitandrea                F5/7 et F5/8           550

05 fév. 1990           Chèques de paie

                             déposés de nouveau              F5/3                      947

15 fév. 1990           Prêt                                      F5/4 et F5/6        3 000

30 juin 1991            Paie nette créditée

                             aux prêts                               F4 à F4/6            2 536

08 mars 1990          Prêt                                      F4/2                    1 000

31 juil. 1990            Prêt                                      F4/4                    3 000

11 janv. 1991          Prêt                                      F4/1                    1 000

04 fév. 1991           Prêt déposé dans

                             le compte en fiducie              F4/3                    1 000

27 janv. 1993          Prêt                                      F2/1                    3 000

30 juin 1993            Dépenses payées en

                             espèces par l'actionnaire       F2/2                    2 954

30 juin 1994            Dépenses payées en

                             espèces par l'actionnaire       F1 et F1/2           1 260

30 juin 1994            Dépenses payées en

                             espèces remboursées            F1                    (1 000)

30 juin 1995            Retenues à la source fédérales

                             payées par l'actionnaire         F                           452

30 juin 1995            TPS et TVQ payées

                             par l'actionnaire                    F                        1 164

30 juin 1995            Produit bancaire porté au

                             crédit de l'actionnaire            F                      (6 266)

                                                                                                44 595

30 sept. 1990          Paiement du solde

                             de la souscription                  G1 à G5            27 500

                             TOTAL PARTIEL                                    72 095

12 déc. 1989           Solde d'ouverture du

                             prêt de l'actionnaire               F5                     35 950

                             TOTAL                                                    108 045

[6]      Avant que je ne considère lesquels de ces montant, le cas échéant, constituent à juste titre des sommes dues à l'appelant par la société ou représentent le coût des actions de la société pouvant être inclus dans le calcul de la PTPE de l'appelant, je dois d'abord décider si l'appelant a fait une présentation erronée des faits, par négligence ou inattention, qui permettrait au ministre de revenir sur l'année d'imposition 1996. Je suis d'avis que c'était le cas. En réclamant une PTPE de 108 045 $ pour 1996, l'appelant déclarait que le coût des actions qui lui était attribuable était de 25 000 $. J'estime qu'il a payé 15 000 $ pour ses propres actions et 5 000 $ pour les actions de sa fille. Je ne crois pas qu'il ait payé 5 000 $ à Roberto Marvento pour ses actions. Je ne suis pas convaincu par le témoignage de M. Marvento à l'effet qu'il aurait vendu ses actions et ses prêts à l'appelant pour la somme de 7 000 $. Cette opération aurait été effectuée en espèces. Je deviens un peu sceptique lorsqu'on affirme que d'importantes sommes d'argent ont été versées en espèces. Ce qui rend le paiement à M. Marvento encore plus douteux est que M. Marvento a déclaré une PTPE de 6 000 $ (5 000 $ pour les actions et 1 000 $ pour des prêts) et une PDTPE de 4 500 $ en 1990. Puisqu'il a témoigné qu'il n'avait jamais auparavant détenu d'actions d'une société ni n'avait prêté de l'argent à une société, il doit avoir déclaré une PDTPE à l'égard des actions de la société et des prêts consentis à celle-ci.

[7]      Il a par conséquent été établi, selon la prépondérance des probabilités, que l'appelant avait exagéré ses frais d'acquisition des actions de 5 000 $ et que cela constituait une présentation erronée des faits par négligence ou inattention et que, par conséquent, le ministre était en droit de revenir sur l'année d'imposition 1996.

[8]      Je porte maintenant mon attention sur le montant de la perte au titre d'un placement d'entreprise.

[9]      Le premier élément qui, à mon avis, devrait être exclu du calcul de l'appelant est la somme de 35 950 $, soit le solde d'ouverture des prêts des actionnaires. Ce montant représente l'ensemble des prêts consentis à la société par l'ancien actionnaire. En l'absence d'une cession spécifique, je ne crois pas que le simple transfert d'actions d'une société ait pour effet de transférer à l'acheteur les prêts consentis à la société par l'ancien actionnaire. De plus, même si l'appelant est effectivement devenu propriétaire des dettes de la société envers l'ancien actionnaire, la preuve ne démontre aucunement qu'un paiement ait été effectué à cet égard.

[10]     En ce qui a trait aux autres montants inclus dans le solde de 72 095 $, voici un tableau des montants admis et des montants qui ne sont pas admis :

12 déc. 1989           Achat des actions                             20 000 $           admis

22 déc. 1989           Prêt                                                   1 000 $           admis

                             (M. Marvento a prêté une

                             somme de 1 000 $)

27 déc. 1989           Prêt                                                   3 000 $           admis

01 déc. 1989           Dépôt pour la location payé

                             par Vitandrea                                        550 $           refusé

Je ne suis pas convaincu que cette somme a été prêtée à la société.

05 fév. 1990           Chèques de paie déposés

                             de nouveau                                           947 $           admis

15 fév. 1990           Prêt                                                   3 000 $           admis

30 juin 1991            Paie nette créditée aux prêts                2 536 $           refusé

L'écriture de journal ne donne pas suffisamment de preuve que ce montant a été payé à la société à titre de prêt.

08 mars 1990       Prêt                                                      1 000 $           admis

31 juil. 1990         Prêt                                                      3 000 $           admis

11 janv. 1991        Prêt                                                     1 000 $           admis

04 fév. 1991         Prêt                                                      1 000 $           admis

27 janv. 1993        Prêt                                                      3 000 $           admis

30 juin 1993         Dépenses payées en espèces

                          par l'actionnaire                                    2 954 $           admis

30 juin 1994         Dépenses payées en espèces

                          par l'actionnaire                                    1 260 $           refusé

30 juin 1994         Dépenses remboursées                       (1 000 $)

Je n'admets pas ce montant puisque je n'admets pas l'élément précédent de 1 260 $.

30 juin 1995         Retenues à la source fédérales

                          payées par l'actionnaire                           452 $           admis

30 juin 1995         TPS et TVQ payées par

                          l'actionnaire                                         1 164 $           admis

30 juin 1995         Produit bancaire porté au

                          crédit de l'actionnaire                         (6 266 $)          

Le montant total des éléments que j'estime constituer la dette de la société ou le coût des actions de la société pour l'appelant est de 41 517 $.

[11]     Le prochain élément est le montant de 27 500 $ relatif à la souscription de 135 actions, soit le solde du prix de 53 081,50 $ des 135 actions. L'écriture comptable est quelque peu inhabituelle. Elle indique l'émission de 135 actions pour une somme de 53 081,50 $, dont un montant de 25 581,50 $ aurait été payé à partir de prêts consentis par l'actionnaire. Si ce montant de 25 581,50 $ fait partie des prêts consentis par l'actionnaire indiqués au paragraphe [10], le montant des prêts devrait être réduit d'autant afin de refléter qu'il a été remboursé par l'émission d'actions. Toutefois, cela n'a aucune conséquence pratique, car il y aurait une augmentation correspondante du coût des actions. La preuve ne démontre pas qu'il y avait des prêts consentis par l'actionnaire autres que ceux qui ont déjà été mentionnés. Par conséquent, seul le montant de 27 500 $ peut être considéré comme étant un coût additionnel des actions.

[12]     Contrairement au répartiteur de l'appel, je suis convaincu, sur le fondement de la preuve, que M. Scuccimarri a déposé la somme de 27 500 $ dans le compte bancaire de la société. Les écritures comptables ont été effectuées par Rosangela, la fille de M. Scuccimarri. Elle a témoigné, sa crédibilité n'a pas été contestée et je n'ai aucune raison de la mettre en doute.

[13]     Il n'est pas allégué que les dettes ne sont pas devenues de mauvaises créances en 1996 ni que les actions de la société n'ont pas été cédées à un coût nul.

[14]     L'appelant a donc subi une perte au titre d'un placement d'entreprise de 69 017 $ en 1996, moins l'exemption antérieure pour gains en capital de 37 473 $, pour un total de 31 544 $. La PDTPE de l'appelant pour 1996 est de 23 658 $. S'il reste une perte relative à l'année 1996, elle peut être reportée prospectivement à l'année 1997.

[15]     Les appels sont admis et les cotisations sont déférées au ministre du Revenu national pour nouvel examen et nouvelle cotisation en tenant compte du fait que l'appelant a subi une perte au titre d'un placement d'entreprise de 69 017 $ en 1996, moins l'exemption antérieure pour gains en capital de 37 473 $, de sorte que la perte déductible au titre d'un placement d'entreprise de l'appelant en 1996 était de 23 658 $. S'il reste une perte relative à l'année 1996 pouvant être reportée prospectivement à l'année 1997, elle devrait s'appliquer à l'année 1997.


[16]     L'appelant a droit à ses dépens, s'il en est, conformément au tarif.

Signé à Ottawa, Canada, ce 20e jour de décembre 2002.

« D. G. H. Bowman »

J.C.A.

Traduction certifiée conforme

ce 13e jour d'août 2003.

Yves Bellefeuille, réviseur

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